18/11/2022

Raga Rock

Petite note sur l'influence de la musique du sous-continent indien dans le psychédélisme.


La musique classique hindustani a tout d'abord infusé le jazz modal dans les années 50.


Certains musiciens indiens, comme Ravi Shankar et Ali Akbar Khan, connurent une notoriété internationale en Occident dans les années 60 et devinrent une référence pour les rockeurs psychédéliquesCes derniers furent les premiers à en populariser les instruments (sitar, tambura, tabla) dans un contexte pop, s'appropriant également les éléments compositionnels du raga, comme les bourdons, l'harmonie modale, les rythmiques et les thématiques liées au mysticisme et à la symbolique religieuse.









"It is strange to see pop musicians with sitars. I was confused at first. It had so little to do with our classical music. When George Harrison came to me, I didn’t know what to think, but I found he really wanted to learn. I never thought our meeting would cause such an explosion, that Indian music would suddenly appear on the pop scene. It’s peculiar, but out of this, a real interest is growing." Ravi Shankar
L'étiquette « raga rock »,  tenté par le publicitaire des Byrds en 1966, devint un descriptif pour toute chanson évoquant une ambiance indienne ou orientale. 

Dans A Republic of Mind and Spirit: A Cultural History of American Metaphysical Religion (2008), Catherine L. Albanses invente le terme d' « Asie métaphysique » pour décrire la synthèse particulière qui est née de cette rencontre prolongée et résultant dans la réinvention de l’Asie du Sud et de l’Est selon les catégories métaphysiques américanisées :
  • une préoccupation de l'esprit et de ses pouvoirs
  • une prédisposition à l'ancienne théorie cosmologique de la correspondance entre les mondes
  • une pensée en terme de mouvement et énergie
  • un désir de salut compris comme réconfort, thérapie et guérison
Le transcendantalisme avait préalablement grandement contribué aux stéréotypes new age sur l'Asie, avec la dichotomie entre un Occident matérialiste et un Orient spirituel. Ainsi, très rapidement, l'expérimentation par des apports musicaux extra-européens céda la place à la capitalisation d'un signifiant sûr. Et les sonorités indiennes devinrent LE cliché de la musique trippante pour hippies.

Sources / pour aller plus loin :

David Rassent, Rock psychédélique (2017)
William Echard, Psychedelic Popular Music: A History through Musical Topic Theory (2017)

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